socrate
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Chapitre III - L'épreuve de la durée

71 - La mauvaise pente

Lors de ces quelques années, j’ai acquis une réputation de bon tuteur et de bon expert dans les matières que j’enseignais. J’ai même, à un certain moment, bénéficié d’un phénomène un peu « mode ». Il devint chic (dans le milieu professionnel très étroit dont je m’occupais, je dois le préciser), d’avoir participé à l’un de mes séminaires.
Je me souviens des chuchotements et des aimables sourires lorsque, en arrivant, on me repérait dans la salle, du respectueux silence lorsque je m’apprêtais à ouvrir la bouche. J’étais flatté, mais je savais ce qu’il fallait faire pour briser au plus vite cette atmosphère un peu guindée pour nous mettre sur ce pied d’égalité, de simplicité et d’amitié qui était la condition du succès.

Et pourtant, malgré l’aisance que j’avais acquise dans l’exercice de mon métier, où, peut-être, à cause d’elle, un phénomène inattendu s’est mis en marche qui, lui, allait dans le mauvais sens.

J’ai résisté pendant longtemps, mais peu à peu, je dois l’avouer, j’ai commencé à me permettre ce que, jamais, je n’aurais dû me permettre.

Repensant à cette période, je m’étonne de ne pas avoir été capable de corriger le tir, de me ressaisir, car j’étais parfaitement conscient de ce qui se passait, des erreurs que je commettais. J’étais comme pris dans un jeu de forces qui me semblaient irrésistibles.

C’est d’ailleurs pour cette raison que je trouve cette partie de mon expérience instructive, car elle illustre la puissance d’une sorte de « mauvais génie » qui, à mon avis, doit guetter de nombreux tuteurs, lorsqu’ils ont quelques années de pratique.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007