socrate
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Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

13 - Le consultant pédagogique

A peine arrivé, on me présenta au consultant pédagogique qui était chargé d’inspirer notre équipe.
Je me souviens de cette première rencontre dont je pourrais, encore aujourd’hui, faire la relation complète.

Fred Kohler était grand, très myope, un peu chauve, barbu, la quarantaine. Il paraissait réservé, mais en même temps on le sentait, derrière sa gentillesse, très sûr de soi.
La première chose que l’on remarquait chez lui, c’est l’extrême attention avec laquelle il vous écoutait, une attention que sa manière de vous regarder et toute son attitude soulignaient.

Qu’était-il exactement ? Un consultant pédagogique américain ? Certes, mais il était beaucoup plus que ça. Il voyageait sans cesse pour s’occuper de très prestigieux clients dont il paraissait être le confident intime. J’ai, plus tard, mieux compris ce qu’il faisait et les raisons de son succès à la suite de la conversation suivante :

Fred : Mon métier ? La pédagogie ? C’est comme ça que vous le percevez ! En fait, je crois qu’il consiste à faire réfléchir les gens, par exemple les « executives » des grandes firmes : ceux qui lancent un nouveau produit, envisagent un projet gigantesque ou montent une nouvelle stratégie dont l’avenir de leur entreprise dépend. Ça n’est pas facile parce que, finalement, personne ne veut jamais réfléchir.
Moi : Pourquoi ?
Fred : Parce que réfléchir, c’est fatigant. Ça vous empêche de faire les choses que vous avez envie de faire. Ça vous oblige à faire des choses que vous n’avez pas envie de faire. Réfléchir, ça dérange, ça déstabilise.
Moi : Et comment faites-vous pour les forcer à réfléchir ?
Fred : Je ne les force à rien. Il faut qu’ils y arrivent tout seuls. Je fais de sorte qu’ils comprennent que ça va leur permettre de réussir et de gagner beaucoup d’argent !

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007