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Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

9 - L’utilité des modèles de représentation de la réalité

Il n’est pas utile, ici, de décrire plus en détail le système de représentation graphique que Townsend avait imaginé. Ce que je veux dire cependant, c’est qu’il a joué un rôle essentiel dans notre travail et que, sans lui, le succès de notre enseignement n’aurait jamais été aussi grand.

Ce système graphique était un modèle de la réalité financière à laquelle nous voulions familiariser nos futurs élèves. Il la représentait complètement, simplement, d’une manière claire et visuelle qui ne laissait de place ni au doute, ni à l’ambiguïté, ni à l’erreur d’interprétation. Il pouvait illustrer ou remplacer avantageusement de longues descriptions orales ou écrites qui, elles, sont complexes, souvent obscures et parfois erronées. « Un court schéma vaut mieux qu’un long discours ». Tout le monde sait ça.

Si ce modèle permettait de fixer les différents aspects de la réalité de manière claire et précise, on pouvait aussi le manipuler, le faire fonctionner. C'était un outil de représentation, mais aussi un outil d’expérimentation, un système de symboles qui permettait d’empiler les opérations et de faire des simulations. Outil professionnel permettant de raisonner et d’imaginer, mais aussi, outil pédagogique qui permettait de « voir », d’un simple coup d’œil, la réalité même, et de s’exercer.

Beaucoup d’environnements, s’il n’en existe pas déjà un pour les représenter, permettent la création d’un tel modèle ; que ces environnements soient chimiques, physiques, mathématiques, financiers, grammaticaux, comptables ou autres... Les philosophes eux-mêmes en créent parfois, qu’ils auraient d’ailleurs intérêt à développer s’ils voulaient être mieux compris.

Nous sommes ainsi faits que, pour nous exprimer, nous avons souvent besoin d’un schéma qui représente visuellement ce dont nous parlons. Combien de gens, lorsqu’ils expliquent quelque chose, ou qu’ils écoutent une explication, griffonnent sur une feuille de papier des ronds, des croix, des lignes ou des flèches !
Un modèle de représentation d’une réalité n’est rien d’autre qu’une expression élaborée de ce besoin qui passe par l’utilisation systématique de conventions précises qui, naturellement, doivent aussi être partagées.

Des deux exemples suivants, le premier montre que la « modélisation » d’une réalité complexe est bien une inclination naturelle de l’esprit. Le second, qui est très connu, montre la puissance des modèles lorsqu’ils sont utilisés dans un contexte d’enseignement.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007