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Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

42 - Un contrôle : La mesure du taux d’efficacité pédagogique

Les fiches d’évaluation des apprenants étaient constamment élogieuses. Elles nous rassuraient. Elles rassuraient nos supérieurs hiérarchiques et ceux de nos apprenants, mais elles ne nous servaient pas à évaluer le résultat de notre travail.

Le système que nous avons mis en place pour mesurer le « taux d’efficacité pédagogique » réel obtenu dans chaque groupe, a d’abord reposé sur les conclusions des collègues qui nous observaient et sur nos propres conclusions. Nous notions sur une fiche le niveau de participation de chaque apprenant et le taux de ce qu’il avait, à notre avis, compris de la matière, recensant les points qui nous semblaient acquis et ceux qui ne l’étaient pas. Ce travail, dont l’inconvénient était que nous devions le faire le soir, après le départ des apprenants, avait pour avantage d’être un strict contrôle de qualité.
Il nous était d’autant plus utile que nous ne le considérions pas comme un moyen d’évaluer notre valeur personnelle ou notre compétence. Il était pour nous comme l’indice d’un cadran, qu’il nous fallait pousser vers le haut en redoublant d’attention, en corrigeant le tir. Un compteur. Un outil. Pas une note.

Ce calcul, lorsque le tuteur est sorti de son cycle d’apprentissage et qu’il se retrouve seul, il doit continuer à le faire.

Il est en effet très difficile de juger d’un résultat sur de simples impressions qui sont souvent trompeuses.
Imaginons que, dans un groupe de neuf apprenants, deux d’entre eux soient restés presque constamment sur la touche, n’ayant participé qu’en apparence aux activités. On les aura interrogés et, à chaque fois, ils auront affirmé qu’ils ont compris, qu’ils ont tout suivi sans difficultés et qu’ils sont entièrement satisfaits par la qualité de l’enseignement reçu. Seule l’objectivité d’un calcul rigoureux les comptera pour « perdus », et cela diminuera notre taux de... 22%.
Imaginons qu’une autre personne n’ait pas saisi tel point clé, qu’elle nous ait dit que cette question n’avait pour elle aucune importance, et que c’est volontairement qu’elle n’a pas fait les efforts nécessaires pour la comprendre... Encore quelques points de perdus que notre indulgence envers nous-mêmes aurait eu tendance à ne pas compter.

Ce calcul le tuteur peut le faire d’autant plus objectivement qu’il restera toujours privé. Il lui permettra de rester dans la ligne, de ne pas dévier, de rester efficace, et de persévérer dans son effort afin d’obtenir, toujours, le meilleur taux possible.

 

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007