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Chapitre II - Pédagogie : la rencontre

22 - Le temps et sa gestion

S’il était important de savoir comment nous comporter et dans quel esprit il nous faudrait remplir notre tâche, cela ne nous libérait pas d’un problème qui nous préoccupait tous. Qu’allions-nous faire du temps que nous allions passer avec nos élèves ?
Et d’abord, combien de temps allions-nous passer avec eux. Plusieurs heures ? Plusieurs jours ? Un temps tout d’un bloc, ou un temps réparti selon un programme étalé sur une période plus ou moins longue : Une heure par semaine pendant un trimestre ? Plusieurs jours d’affilée à l’instar du format « séminaire » qui commençait à s’imposer un peu partout. Nous comprenions vaguement que la décision ne nous incomberait pas, mais nous avons quand même discuté ce thème. Il nous est apparu clairement que, quelle que serait la durée de l’ensemble, chacune de nos séances se devraient d’être longues. Beaucoup plus d’une heure. Une demi-journée ou une journée entière. Nous étions conscients que seul ce genre de durée nous permettrait d’accueillir les dialogues, discussions et exercices que nous prévoyions pour faire le tour d’un sujet ou d’un ensemble de sujets.
Soit !

Maintenant comment allions-nous utiliser cette longue plage de temps ?
Nous avions critiqué et condamné le modèle du cours classique :

- Je parle pendant un certain temps.
- Après, je prévois un temps pour les questions, éventuellement une discussion et des exercices.
Par quoi allions-nous le remplacer ?

Nous avons distingué quatre types d’utilisation du temps :

Les temps où les élèves travaillent tous ensemble : Tous portent leur attention sur le tableau, sur l’éducateur, sur les uns ou les autres qui prennent la parole dans une discussion de groupe. Tous écoutent, discutent, s’expriment.

Les temps où le travail se fait en petits groupes de 3 personnes, pour faire, par exemple, les exercices : Trois personnes, c’est le nombre idéal qui permet la communication, l’échange d’idées. Dans le cas d’un matériel pédagogique informatisé, (mais j’anticipe, car à l’époque la technologie nécessaire n’était pas encore assez développée), un poste d’ordinateur soutient facilement le travail à trois. Les personnes se partagent les tâches ; l’une manipule le clavier, l’autre essaie d’expliquer, la troisième, par exemple, calcule, toutes regardent l’écran. La collaboration entre elles est intense. Nous avons discuté de la possibilité de laisser les gens qui le voudraient travailler individuellement. N’y avait-il pas là le risque de permettre à une personne de s’isoler des autres. Nous n’en avons pas conclu que c’était à proscrire, bien au contraire, car tout un chacun à besoin de pouvoir s’adonner de loin en loin à une réflexion solitaire. Nous avons pensé qu’il ne fallait pas, toutefois, que cela nuise au travail du groupe. S’isoler, oui, mais pour ensuite rejoindre le groupe dont on fait partie.

Les temps où le professeur s’occupe individuellement d’une personne, pendant lesquels il est absent pour les autres et qui, par conséquent, correspondent aux moments ou ceux-ci travaillent entre eux.

Les temps de détente, qui n’exigent des élèves aucune activité particulière et peu d’attention : Nous prévoyions que pendant ces instants, le professeur pourrait raconter une anecdote, parler de choses et d’autres, ou même favoriser un simple bavardage. Pourquoi pas ?

Les pauses, qui sont indispensable pour se détendre : des « récréations » en somme.

Nous pensions qu’il fallait respecter une sorte de courbe sinusoïdale qui alternerait les moments où la concentration est intense, et les moments de détente (ce qui ne veut pas dire que l’on ne fait rien).

Nous avons laissé de côté la question de la durée de chacune de ces tranches de temps. Nous pensions que seule la pratique nous permettrait de l’établir.

© Nicolas WAPLER- Septembre 2007